Code viral et vaccination
par Robert J. ChassellQuand quelqu'un me fait du mal, j'essaye de me défendre. Mais certains me disent que cela les rend malades. Ils me disent que je devrais laisser les gens me voler mon travail. Ils me disent que je ne devrais pas essayer de me défendre.
Ils me disent que je devrais arrêter d'utiliser la licence publique générale GNU, une licence qui me vaccine contre le mal. À la place, je devrais adopter une licence qui permette à d'autres personnes de me voler en toute impunité. Ils veulent que j'adopte une licence qui m'interdit de me défendre. Ils veulent que j'abandonne le droit de bénéficier d'un dérivé de mon propre travail, un droit qui m'appartient selon la législation actuelle du copyright.
Bien sûr, le langage utilisé est un petit peu moins fiévreux que cela. D'habitude, on ne me qualifie pas de « malade infectieux ». Mais la défense juridique que j'utilise est appelée « infectieuse ». La licence que je choisis est appelée « virale ».
Dans le langage courant, des mots comme « infection » et « virus » décrivent des maladies. La rhétorique utilise des métaphores. Un outil juridique n'est pas un agent pathogène, mais il est courant de penser à la législation comme à une maladie, donc la métaphore fait mouche.
Ceux qui veulent me voler utilisent un langage qui dit que je les rends malades quand je les empêche de me voler. Ils ne veulent pas attirer l'attention sur la soi-disant « infection » qui les rend malades : ma bonne santé et mes droits, ainsi que la bonne santé et les droits d'autres personnes. À la place ils choisissent une métaphore qui renverse les rôles. Ils ne veulent pas qu'on puisse me voir comme un bon citoyen qui combat la délinquance. Ils veulent tromper les gens avec leur métaphore, pour qu'on me voie comme un germe contagieux.
La licence publique générale GNU me protège. La connotation de « virus » et d'« infection » vient de ce que mon choix de défense rend malades ceux qui essaient de me voler. Je veux être libéré de leurs vols, mais ils veulent la possibilité de me faire du mal. Cela les rend malades de ne pas pouvoir m'atteindre.
Pour utiliser une autre métaphore liée au monde médical, la licence publique générale GNU me vaccine ; elle me protège du vol.
Notez que le vol dont je parle est complètement légal dans certaines situations : si vous placez votre travail sous une licence BSD modifiée, ou une licence similaire, alors cela autorise légalement d'autres personnes à prendre votre travail, à le corriger ou à l'améliorer, et à vous interdire d'utiliser ce code. Personnellement je désapprouve ces pratiques, mais elles existent.